NEOLITHIQUE. L’émergence d’une  »Pyramide » hiérarchique : le détenteur d’un savoir-faire rare renverse le Chef nomade ancestral

NEOLITHIQUE. L’émergence d’une  »Pyramide » hiérarchique : le détenteur d’un savoir-faire rare renverse le Chef nomade ancestral

Les positions hiérarchiques se chamboulent et s'affirment tel un système pyramidal au moment du Néolithique : les chamans/sorciers, et les Chefs typiques de la vie jadis nomade se trouvent contestés dans leur leadership. Avec l'installation en un lieu fixe, d'un clan, celui-ci devient la proie du Ciel, de la terre, lesquels fluctuent énormément dans le sort auquel ils livrent l'Homme sédentarisé. Face à la fatalité du mauvais sort périodique, fréquent, renouvelé qu'est le mauvais temps destructeur des récoltes, les bonnes vieilles recettes issues de milliers d'année de nomadisme et de connaissances acquises de la Nature, l'Homme cherche des mentors fiables, solides ; de nouveaux Chefs pouvant réellement assurer la subsistance, la survie de leur groupe humain.

Les dieux et Esprits du Ciel, et de la Nature prennent une importance cruciale dans cette fixation en un lieu déterminé de l’Homme. Le chaman en trinque, ne pouvant prévenir ni tempêtes, ni déluges de pluie, ni gelées annihilant les récoltes. Il perd son aura ancestrale. D’autres médiateurs entre le monde des hommes et le monde invisible émergent : des détenteurs du savoir-faire de lire dans les astres, lire le Ciel…chez certaines populations vivant en une collectivité dépendante de l’agriculture, quand d’autres populations vivant en collectivité dépendante encore des ressources des collectivités voisines placeront tous leurs espoirs et honneurs vers un chef de type militaire charismatique. Ainsi naissent des « cultures collectives » diverses, selon la nature dudit chef, selon les attentes de tel ou tel collectif d’humains. Citons aussi la possibilité d’un Chef de type mystique, mi-homme mi-dieu, qu’un collectif d’humains vénère selon la réussite des projets collectifs que ce chef imprime sur une région géographique fixe plus ou moins vaste. On verra ici le cas de figure mésopotamien, le cas de figure égyptien aussi, ce dernier devenant bâtisseur de ces fameuses pyramides en symboles du pouvoir d’un seul sur une base élargie pullulant d’humains.

S’extirper d’une large base pyramidale par un savoir-faire rare…

Le Chef nomade ou la Cheffe nomade écrasait la masse du clan, de sa stature, de son savoir, de la mémoire collective sur un temps long qu’il entretenait, tandis que le « maître » d’un savoir-faire rare profitant à toute une communauté dès lors sédentarisée tel qu’un éleveur, telle qu’une arboriste, telle qu’une agricultrice, tel qu’un artisan, devient une nouvelle élite qui se hisse au-dessus d’une « base pyramidale » : la masse de la communauté restante. Ce détenteur d’un savoir-faire rare s’intercale entre le Chef suprême de la communauté qui devient rapidement tancé et bouleversé dans son rôle de Chef, par ces détenteurs de savoir-faire, et cette masse de la communauté.

Quitte à migrer pour devenir Chef…

Dès le VII ème millénaire avant notre ère, les populations du Levant sortent de leur « berceau » pour occuper la plaine mésopotamienne, l’Egypte, l’Anatolie puis l’Europe jusqu’au Danube. La motivation pour ces migrations est de continuer à vivre en des communautés de taille réduite, à l’organisation sociale plus simple à mettre en place et à maintenir de manière cohérente. C’est aussi une façon pour des maîtres-artisans, des maîtres-agriculteurs, des maîtres-éleveurs, ou des grands commerçants, de devenir, dans un ailleurs, Chef de la nouvelle communauté migrante.

Le Chef Paléolithique, nomade, évincé par des talents émergents…

Le berceau levantin devenait en effet trop complexe à appréhender par ces communautés qui se massifiaient et perdaient sans doute par là-même leur cohésion sociale. Si le Chef nomade typiquement Paléolithique, avec son côté gardien des savoirs ancestraux sur la Nature, a pu servir de Chef transitionnel, pendant la phase de proto-néolithisation du Levant où la domestication des plantes et animaux souffraient d’essais, d’échecs, de tâtonnements, de réajustements, ….de cette longue période d’échecs face à cette Nature à domestiquer ce même Chef typiquement Paléolithique a été évincé/supplanté un peu partout progressivement dans chaque communauté sédentarisée du Levant. Au profit d’audacieux détenteurs d’un savoir-faire rare qui allaient ouvrir les horizons d’un retour de réussite sociale, économique, territoriale, à leurs communautés fixées en des lieux déterminés.

Emergence de proto-Etats politiques très hiérarchisés et inégalitaires…

Le berceau levantin restant ouvert sur le Monde, en une véritable plate-forme reliant l’Orient à l’Europe, et l’Egypte aux steppes eurasiennes, il continue de jouer son rôle de laboratoire à ciel ouvert de l’évolution de l’Homme au Néolithique, notamment en diffusant son modèle hiérarchique et de gestion des communautés, tout en profitant d’un tel dynamisme démographique qu’il voit ses propres communautés devoir, au IV ème millénaire avant notre ère, mettre en place des proto-Etats politiques. Lesquels couronneront une inexorable hiérarchisation de plus en plus aigue en son sommet pyamidal, de plus en plus massive en sa base, de plus en plus spécialisée autour d’un savoir-faire en son entre-deux : cet entre-deux combine la naissance de la classe du clergé, le renforcement sociétal d’activités à haut potentiel d’apport à la communauté telle que le commerce, ou encore les spécialisations techniques de maîtres-artisans (potiers, arboristes-cultivateurs, débiteurs-éleveurs, tailleurs-sculpteurs de pierre, forgerons, …). Parmi ces exemples de spécialistes en leurs domaines de compétences se trouvaient alors les futurs Chefs…, les futurs représentants de leur propre communauté.

L'Europe connaît la diffusion du Néolithique, dès le V ème millénaire avant notre ère, et voit cette nouvelle hiérarchisation de la société souffler sur son continent. Les grands tombeaux à mégalithes où l'on enterre les personnalités, sont le témoignage d'une société de plus en plus inégalitaire. Les objets funéraires et les offrandes retrouvés dans ces tombes monumentales, tels que des bijoux, des outils précieux ou des armes, indiquent une différenciation sociale basée sur le statut et la richesse.

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