MEMENTO de Christopher Nolan, 2001

Ce qui saute aux yeux, au final, c’'est la façon de procéder de Christopher Nolan : un film qui se lit à l’'envers pour le spectateur, mais qu'’il a semble-t-il réalisé et monté comme tout film. Pour ensuite remonter le film à l'’envers. D’'entrée de jeu, ce qui frappe en effet, c’'est quelques fils blancs qui dépassent.

Pitch

Mû par un formidable besoin de vengeance, Leonard Shelby recherche l’'assassin de sa femme. Mais une forme rare d’'amnésie complique sa traque en solitaire. Tout en se souvenant de détails lointains, il est incapable de savoir ce qu’'il a fait le quart d’'heure précédent. Fiches, photos, tatouages, l’'aident à distinguer le présent du passé, y compris dans sa relation avec Natalie, une serveuse inquiétante et sexy…

Joe Pantoliano. UFD

Avis

Un thriller à l’'envers. Vous savez ce qui vous attend, mais tout le suspense réside à savoir pourquoi les choses se passent comme tel. Et plus ça va, plus c'’est à se taper la tête contre les murs. Je suis sorti personnellement fatigué, de ce visionnage. Quel thriller !
Il y a quand même un petit jeu malsain pour lequel Nolan va rester le maître du jeu : le spectateur est piégé car on lui supprime des attentes, pour lui expliquer le pourquoi du comment. Or, d’'habitude, dans un thriller, l'’intérêt est de savoir ce qui va se passer. Ici, c’est une prise d’'otages : voyez donc et voyez bien, car il faudra vous en rappeler, et ensuite se déroule le fil des origines. On remonte le temps. Les conventions ne sont pas respectées. C'’est là que Nolan fait couronner son thriller : un pied-de-nez peut-être, mais troublant, prenant et épuisant. Tout ce qu’'on demande de la part d'’un thriller !
Guy Pearce. UFD
Guy Pearce, le contrôleur de la bête sortie de cage Russell Crowe, dans L.A.Confidential, devient un amnésique dans Memento. Un problème se pose toutefois : ses expressions, ses traits, son attitude face caméra, ne demandent pas un gros travail d'’acteur. On est dans la froideur. Ce n’'est donc pas un Guy Pearce attachant, ni même antipathique, auquel nous avons à faire, mais bien à un oubli personnifié, une insignifiance humaine, même. Et donc une légèreté d'’interprétation pour un acteur.
Carrie-Anne Moss a le même physique froid. Vous êtes vraiment dans un film mécanique, certes une mécanique bien huilée, mais bien dans une mécanique indéboulonnable. Vous, spectateurs, n'’aurez pas une seule personne à laquelle vous identifier, vous raccrocher. Il s’agit d’un trouble, que Memento, dont le jet final noie encore plus vos certitudes : folie ? 
Christopher Nolan, à la baguette au scénario, à la baguette à la réalisation, démontrait avec Memento qu'’il peut s'’attaquer à du complexe dans le fond comme dans la forme.

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