AU NEOLITHIQUE. Quels bouleversements majeurs chez l’Homme ?

AU NEOLITHIQUE. Quels bouleversements majeurs chez l’Homme ?

Le développement de l'agriculture à l'époque Néolithique, dès 10 000 ans avant notre ère, et la sédentarisation qui en a résultée après de premiers « épisodes » diffus et éclatés géographiquement du Levant à l'Europe centrale danubienne, de constructions de villages de chasseurs-trappeurs-pêcheurs, ont constitué une déflagration majeure dans l'histoire de l'Humanité. Jusque-là nomades, nos ancêtres chasseurs-cueilleurs se fixent en des lieux déterminés, se sédentarisent !

Ces chasseurs-cueilleurs doivent associer encore un temps, une vie en communauté fixée en un lieu, et quelques migrations pour la chasse au gibier, dans cette nouvelle façon de vivre. Le temps de l’adaptation ! Vivre sur place demande des tâtonnements, des ajustements pour bénéficier d’une pérennité de cette nouvelle manière d’exister sur Terre. Toujours est-il que l’architecture, l’art, les pratiques funéraires et les systèmes de croyances évoluent pour refléter la nouvelle réalité sédentaire et agricole.

Ce grand mouvement de bascule s’opère entre 10 000 et 4 500 ans avant notre ère, dans un environnement favorable, lié au réchauffement climatique. On sort d’une ère glaciaire vers 15 000 ans avant notre ère, puis dès 12 000 ans avant notre ère on peut parler de proto-sédentarisation de l’Homme chasseur-cueilleur, proto-agriculture et proto-urbanisme. Le préfixe « proto » indique en fait un stade précoce d’une évolution, ce stade précoce conservant certains aspects anciens de l’organisation de la vie des chasseurs-cueilleurs, tout en inventant avec tâtonnements des aspects-clés qui annoncent l’Homme Néolithique : c’est-à-dire le cultivateur-éleveur…

Accroissement spectaculaire des populations humaines

La croissance de la population humaine sur Terre est phénoménale : le taux de fécondité est multiplié par 4, dès lors que, dans les « foyers d’origine » de la Néolithisation l’agriculture remplit entièrement son rôle souhaité ardemment de nourrir des populations qui, dès lors, n’ont plus besoin de chasser du gibier, cueillir fruits ou baies, collecter des mollusques.

Une femme peut en effet donner naissance chaque année à un enfant, et, de manière générale, la sexualité en tant que telle, de l’espèce humaine, n’a jamais rien eu avoir avec celle des autres mammifères terrestres puisque chez l’espèce humaine cette sexualité ne connaît aucune rupture dans le temps.

La condition féminine comme clef de voûte de la société

La fixation des populations humaines, rendues possibles par la mise en culture de terroirs locaux, et par l’élevage d’animaux à proximité d’un village, ont alors fait exploser un plafond de verre en matière de reproduction sexuée : la « division du travail » permet la planification du temps à consacrer aux tâches quotidiennes, retirant petit à petit les femmes des champs, tandis que la vie sous un toit commun d’une famille dite « nucléaire » (père, mère, et leurs enfants) fait endosser un rôle fondamental aux femmes/mères.

La sphère d’influence de la femme, se privatise en même temps qu’elle se densifie, concentre et décuple au sein du foyer familial. Il n’est pas étonnant que les petits autels domestiques dressés en mémoire des ancêtres familiaux, soient alors érigés, tenus et entretenus au sein de la bâtisse familiale, par les femmes.

Un Levant qui se peuple jusqu’à voir certains de ses cultivateurs-éleveurs migrer vers l’Est, le Sud, l’Ouest et le Nord…

S’il faut noter que dans les débuts de la Néolithisation, la mixité entre vie quotidienne de chasseur-cueilleur et de cultivateur-éleveur constatée jusqu’à une stabilisation à venir permise par une agriculture nourricière autosuffisante, la mortalité infantile demeurait haute. Soit un héritage des chasseurs-cueilleurs qui s’estompera progressivement : le nouveau mode de vie du système agricole apportera une haute intensité calorique sur le plan nutritionnel. Lesquels apports nutritionnels améliorés autoriseront de meilleurs taux de natalité et taux de fécondité.

Avec la Néolithisation des sociétés humaines cependant, le « foyer d'origine » du Proche-Orient par exemple, voit à moyen terme sa population à nourrir toujours plus nombreuse, à long terme cette population devant innover en matière agricole, en matière d'élevage si tout le monde doit pouvoir espérer être contenté. Piégés par l'impossibilité de tout retour en arrière vers le nomadisme des ancestraux chasseurs-cueilleurs, mais fixés pour de bon sur des terres et terroirs définis, les populations humaines de ce « foyer » proche-oriental de Néolithisation alimenteront une vaste diffusion/expansion à travers le Monde, du mode de vie en village/ville, du savoir-faire agricole, de la technicité innovante en matière d'outillages...

Les bouleversements majeurs, ceux qui sont les plus spectaculaires se produisent dans des zones de stress territorial :

  • la côte Atlantique, qui est une barrière stoppant toute avancée de populations néolithiques dès 4500 ans avant notre ère,
  • les Balkans, depuis lesquels toute expansions territoriales sont bloquées par la mer Egée et la mer Noire et par les steppes ukrainiennes,
  • l’Egypte,
  • la Mésopotamie,
  • un ensemble typique d’îles (Crète, Mycènes) et presqu’îles (Grèce, Italie, Espagne)

Pour ces ces trois derniers cas de figure cités (Egypte, Mésopotamie, l’ensemble d’îles et presqu’îles), la raison est évidente : il s’agit de « nasses » des populations, qui s’y concentrent faute de pouvoir aisément s’affranchir des barrières naturelles les ceinturant.

Tout cela produit des créations, inventions et innovations spectaculaires :

  • les structures monumentales mégalithiques le long de la façade atlantique,
  • les nécropoles majestueuses et les avancées métallurgiques autour du travail de l’or et du cuivre dans les Balkans,
  • bientôt, dès le III ème millénaire avant notre ère, l’érection de pyramides monumentales en Egypte et de grandes villes,
  • bientôt, dès la fin du IV ème millénaire avant notre ère, l’invention de l’Etat, de l’Ecriture et de grandes villes en Basse-Mésopotamie,
  • bientôt la domination par une civilisation, des mers (thalassocratie) dès le II ème millénaire avant notre ère : la première thalassocratie est celle de Minos, le légendaire roi de Cnossos, en Crète,
  • bientôt l’invention d’empire terrestre et maritime à la fois dès le Ier millénaire en Grèce et Italie.

A noter que les tout premiers villages, à l’existence éphémère, auraient été bâtis sur les îles actuellement indonésiennes vers 45 000 ans avant notre ère : des villages de pêcheurs-chasseurs-cueilleurs-collecteurs (de mollusques), qui servirent de base pour traverser ensuite l’océan et accéder à l’Australie…

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